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COLD AS ICE

Ryan McGinley : WINTER

Ryan McGinley est un photographe américain né le 17 octobre 1977 au New Jersey. Il est considéré comme l’un des artistes les plus talentueux des Etats-Unies.

Suite à son admission à la Parsons School, il emménage à New York. C'est donc vers 1998 qu'il commence à prendre des photos de ses potes, d'inconnus ou d'objets de son quotidien : il expliquera dans son interview pour le Vice (dont il a été éditeur photo) que plus jeune, il prenait des clichés tout au long de ses soirées de défonce. Pour ensuite reconstruire la soirée de la veille. Ses goûts pour la spontanéité et la franchise, ressortiront dès sa toute première exposition : THE KIDS ARE ALRIGHT. Des polaroids accrochés sur le mur de son appart et présentés à tous ceux voulant les regarder, ils seront ensuite regroupés dans un livre, puis exposés en 2003 au Whithney Museum Of American Art. En étant l’un des plus jeunes artistes à avoir la chance d’exhiber ses œuvres dans cette institution, il s’installera comme une personnalité incontournable de la nouvelle génération de photographes. Son regard bienveillant sur la jeunesse new-yorkaise, fera le tour du monde. Et marquera le début d’autres installations aux photos plus épurées, centrées sur la nudité. Comme l’atteste les livres YEARBOOK, WAY FAR ou encore YOU AND I. Cette renommée internationale lui permettra de travailler sur plusieurs campagnes publicitaires, ou encore de collaborer avec des célébrités.


Ryan McGinley x MIA, New York Times behind the scenes, 2010.

Alors quand on pensait que Ryan McGinley était à son apogée, il nous offre un énième chef d’œuvre visuel, avec son exposition "Winter". Cette série de clichés s’inscrivant dans la continuité de "Fall", a été présentée en novembre 2015 à la TEAM GALLERY de New YORK. 13 ans après sa première exposition, le style du photographe a évolué. Finit les adolescents de la banlieue et l’ambiance animée de la ville, place à l’apaisement : McGinley effectue un retour aux sources, en nous proposant des corps nus dans les plaines glaciales du nord de New York. Du jamais vu en situation réelle, il immisce l’homme aux dangers du froid, le fait affronter les plus rudes conditions climatiques avec une élégance sans pareil. Tout cela accompagné d’une palette de couleurs froides, nous transportant dans un monde presque irréel, parallèle. Cette beauté naturelle, est cependant contrebalancée par des corps ensanglantés ou tailladés, faisant écho aux dangers que peut cacher cet environnement. Les mannequins ici, s’y frottent sans protection, par leur unique volonté. On assiste donc à des corps recroquevillés, engloutis par ce décor intransigeant. Bizarrement, la glace pourrait être considérée comme le vrai modèle de ces photos. Tant ses courbes et ses nuances donnent du caractère aux images : ces successions de stalactites ou de cascades d’eau font de ce paysage une sculpture unique, dont la beauté architecturale interpelle le regard. Malgré cette prise de risque évidente, certains pensent que celle-ci est inutile ou encore plus, ridicule. Pour mettre en œuvre cette installation encore inédite, le photographe américain a dû penser à plusieurs techniques spéciales, répondant à ces conditions de froid insoutenables : l'utilisation d’harnais, de tentes de pêche destinées à la glace, ou encore de radiateurs .

Si proposer une façon alternative d’aborder la nudité, c’est être ridicule. Alors Ryan McGinley est ridicule. Si faire évoluer son art en le poussant dans ses retranchements, est ridicule. Alors Ryan McGinley est encore une fois ridicule. Enfin, si s’affranchir du passé en prenant à contre-pieds tout ce qui existe déjà est ridicule, alors je peux dire que j’aime ce ridicule.

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