New York des années 60 : lieu propice aux rencontres et à la réussite. C'est poussées par cet optimisme, que certaines jeunes filles n'hésitent pas à quitter leur ville natale en quête de reconnaissance. Délaissant par la même occasion, famille et amis pour New York. Les destins de Donyale Luna et d'Edie Sedgwick sont deux exemples représentatifs cette époque. Incarnant l'esprit et la frivolité de cet univers. Icônes de mode, It-girls undergrounds, ces deux femmes ont su imposer leur personnalité et laisser leur empreinte au fil du temps.
DONYALE LUNA
C'est à l'aube des années 60 que le monde découvre l'hypnotisante Donyale Luna. Cette jeune femme énigmatique marquera l'univers de la mode, en devenant la première super modèle de couleur et le top le mieux payé de son époque. Mystérieuse, pleine de contradictions, personne ne serait en mesure d'énoncer avec certitude sa date de naissance, ou ses origines. De son vrai nom Peggy Ann Freeman, elle grandit dans la banlieue de Détroit. Enfant fantasque, Peggy Ann s'amuse à réinventer des moments de sa vie, ne faisant pas toujours la distinction entre réalité et fiction. C'est ainsi qu'à l'adolescence elle se rebaptise Donyale Luna, clamant que Luna était le véritable nom de son père. Adepte de dramaturgie, Donyale a pour objectif de mener une carrière d'actrice. Et pour cela elle met toute les chances de son côté, en prenant part à de nombreuses représentations.
Sa paisible vie prend un autre tournant en 1963, quand elle croise sur le chemin de l'école, le photographe anglais David McCabe. Ce dernier lui propose immédiatement de quitter sa ville natale, pour tenter sa chance dans le mannequinat à New York. À partir de ce moment tout va très vite, les rédacteurs du Harper's Baazar lui offrent un contrat exclusive de deux ans avec leur photographe Richard Avedon. La collaboration donnera lieu à sa première couverture de mode en Mars 1965. C'est également à ce moment que se déroulent les funérailles de son père, mort après que sa mère lui tire dessus en en voulant se protéger. Cependant, cette collaboration se stoppera lorsque de multiples lecteurs décideront de résilier leur abonnement, n'acceptant pas de voir le dessin d'une femme noire en couverture. Cela ne ralentira en rien Donyale, qui quitte les Etats-unies pour l'Europe, les jugements raciaux y étant moins importants. Cette décision donnera un tout autre tournant à sa carrière, et lui permettra de faire la couverture du Vogue UK en 1966.
Sur le vieux continent, elle ne passe pas inaperçue. Son allure séduit les créateurs, sa beauté fascine les photographes et sa grâce inspire les artistes : Salvador Dalì dira d'elle, qu'elle est la réincarnation de Nefertiti. Entourée de chanteurs et de peintres, Donyale s'affiche au bras de Bryan Jones et apparait dans les projets de Fellini mais aussi d'Andy Warhol. Qui la met en couverture de son magazine Interview, créé en 1969 avec Gerard Malanga. Malgré sa réussite, elle s'enferme dans la drogue et l'alcool. Donyale se noie ainsi dans sa tristesse et met en péril sa carrière. En retard, défoncée, elle perd plusieurs contrats. En 1979, Donyale Luna est retrouvée morte à Rome, causée par une overdose d'héroïne. Ce qui reste aujourd'hui de ce véritable un mythe, est le souvenir d'une icône de mode et d'un mannequin hors-norme.